Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

[JV] Path of Exile

22 Mars 2018, 12:30 Jeux vidéos

(2013, de Grinding Gear Games)

(2013, de Grinding Gear Games)

Vous vous réveillez parmi des débris d'épave, sur une plage de sable gris battue par le vent. La nuit tombe, le tonnerre retentit au loin.


Accusé d'un crime, vous avez été mis à fond de cale pour être exilé sur les terres lointaines de Wraeclast. Et la nuit dernière, le navire qui vous transportait a fait naufrage.


Sur la plage, vos seuls voisins sont vos compagnons d'infortune, gisant au bord de l'eau. Vous vous approchez de l'un d'eux, à l'agonie et soudain, son voisin lui saute dessus pour le dévorer ! Un zombie ! Heureusement, il n'est pas vaillant. Quelques coups suffiront. La mort est pour lui un soulagement.

La plupart des autres naufragés sont eux aussi devenus des morts-vivants. Vous en voyez une dizaine d'autres qui rôdent à proximité... L'air est lourd, un éclair... Et pour seule arme, vous avez un couteau rouillé...

Quelques bouts d'armures ont été jetés contre les rocher. Vous les équipez à la hâte et vous partez explorer les lieux, bientôt cerné par cinq de ces morts récalcitrants, impatients de vous ouvrir la jugulaire. Vous les tuez pour de bons et partez à la recherche d'un abri. Des mouettes criaillent. Cahin-caha, vous avancez dans ce décor désolé et bientôt, vous apercevez quelques flambeaux dans la nuit, des palissades : un fortin. L'entrée est gardée par un gros tas de muscles, mais il en faudra plus pour vous impressionner. Lui aussi servira de repas pour les mouettes... 

La fragile porte en bois s'ouvre : un groupe d'exilé s'est réfugié ici, à l'abri des monstres qui hantent la côte. On vous apprend que c'est tout le continent qui est en proie à une malédiction... Des plages du crépuscule en passant par les cavernes fétides jusqu'aux montagnes, Wraeclast est envahie de monstres qui attaquent tous ceux qui s'aventurent sur les routes. On dit que la malédiction vient du nord : des montagnes où se trouve la Prison, sinistre forteresse gardée par Brutus l'Incarcérateur, devenu fou après s'être livré à la nécromancie sur les prisonniers et sur lui-même... 

Et au-delà, vous dit-on, au-delà des forêts et du temple de Vaal, dans les ruines de l'immense cité de Sarn, du haut de son donjon en ruine, l'empereur Dominus règne sur ce continent dévasté et cherche à devenir l'égal des dieux...

Ces indigènes m'ont l'air hostiles...

Ces indigènes m'ont l'air hostiles...

Path of Exile est un jeu de hack-slash très inspiré, au départ, de Diablo : vous choisissez votre personnage parmi plusieurs classes de base (duelliste, barbare, templier, sorcière etc.) et il vous faut tuer des monstres et accomplir des quêtes pour faire progresser vos personnages, trouver de l'équipement qui améliore vos statistiques et vos techniques de combat, afin de pouvoir affronter des ennemis de plus en plus puissants. 

C'est un univers de dark fantasy, mélange de gothique médiévale, avec son lot de squelettes, goules, démons, cerbères etc. Mais les concepteurs se sont aussi inspirés de la décadence de Rome, pour des décors de grands forums aux statues érodées et aux arcades effondrées. Plus exotique, on trouvera tout un imaginaire maori (les créateurs sont néo-zélandais), avec ses totems cracheurs de feux et son personnage de Barbare qui ressemble moins à l'habituel Conan qu'à un pilier tatoué des All Blacks. Ce mélange fonctionne très bien et nous emmène dans un univers fantastique très riche tant pour les décors que pour le bestiaire, enrichis à chaque mise à jour du jeu. 

 

De plus, Path of Exile se démarque grâce à plusieurs mécanismes de jeux originaux.

D'abord, il n'y a pas de pièces d'or. Tout se fait au troc. Vous vendez par exemple un casque, et le vendeur vous paye des fragments. Quand vous aurez accumulé un certain de ces fragments, vous pourrez obtenir des orbes, que vous appliquerez sur un item pour l'améliorer ou que vous utiliserez pour acheter d'autres objets. Par exemple, un orbe de transmutation donnera une capacité magique à l'objet. Un orbe royal le transformera en item rare (le niveau au-dessus de magique), un orbe de chaos changera aléatoirement les propriétés d'un objet rare etc. 

Ensuite, vous utilisez des gemmes, que vous enfilez sur votre équipement, pour acquérir des pouvoirs magiques et des techniques de combat, comme la traditionnelle boule de feu, ou la double frappe à l'épée.

Et grâce à des gemmes de soutien, vous pouvez améliorer vos attaques. Par exemple, en combinant les gemmes Lightning Tendrils + Added Lightning Damage + Increased Area of Effect, votre Templier peut jouer à l'Empereur Palpatine qui lance ses éclairs de Force (pour améliorer encore, ajouter Cast While Channelling + Arc ! )

Ou bien, votre Ranger pourra envoyer des rafales de flèches empoisonnées grâce à Tornado Shot + Multiple Projectiles + Faster Attacks + Poison. 

 

Chaque genre d'équipement peut avoir un certain nombre d'emplacements (sockets) pour les gemmes. Une armure à 4 sockets est abordable. Pour 5, il faudra y mettre le prix, et pour 6, le maximum, il faudra généralement débourser une fortune en Exalted Orbs, les plus chers du jeu. Mais avec 6 gemmes combinées, vous aurez de quoi fracasser des dizaines de monstres en quelques secondes, vidant tout l'écran des hostiles qui se précipitent vers vous en hurlant. Un Barbare utilisera sa hache à deux mains pour déclencher un tremblement de terre à répétition, assisté de son totem ancestral qui fracasse tout ce qui approche. Un duelliste foncera bouclier en avant puis abattra comme du petit bois les fantômes de marins qui rôdaient sur le port.

Une sorcière pourra envoyer une boule d'énergie chaotique qui, touchant un premier ennemi, déclenchera aussitôt une épidémie foudroyante sur les malheureux à proximité. Ah cette jubilation de les voir tous succomber à la chaîne, engloutis dans un trou noir !... 
 

Le côté obscur est plus facile, plus rapide, et plus puissant.

Le côté obscur est plus facile, plus rapide, et plus puissant.

Enfin, gros point fort du jeu, son immense arbre de compétences, qui compte plus d'un millier de cases et permet de personnaliser totalement votre personnage. Vous pouvez très bien faire un duelliste qui augmentera ses capacités à l'épée grâce à des pouvoirs de feu. Ce n'est pas parce que vous jouez un Sorcier qu'il est obligé d'être nul en combat au corps à corps, au contraire. Votre assassin pourra se protéger avec un bouclier, ou utiliser un sceptre mystique pour rendre ses coups plus mortels. Vous pouvez aussi faire un Archer tout ce qu'il y a de plus classique, sans aller chercher des compétences à l'autre bout de l'arbre, mais qui sait... il y a toujours des combinaisons meurtrières à découvrir. Mais attention, si beaucoup sont séduisantes « sur le papier », elles sont parfois peu efficaces sur le terrain... Méfiance avec ces joueurs qui ne font que du theorycrafting et vous « vendent » leur build de la mort-qui-tue à x millions de DPS (dégâts par seconde) : généralement, c'est loin d'être aussi merveilleux en situation réelle. 


Les personnages peuvent aller jusqu'au niveau 100. Atteindre le niveau 75 est relativement facile et se fait en quelques heures de jeu. C'est ensuite que la difficulté se corse : arriver au niveau 85 sera déjà nettement plus long, et ensuite, l'écart entre chaque niveau ne fera que se creuser : il faudra des heures et des heures pour passer les niveaux supérieurs à 90. Et à ce moment du jeu, chaque fois que vous mourez, vous perdez 10% de votre progression dans le niveau ! Un système absolument punitif, vraiment sadique, qui provoquera bien des rage quits (« saleté de jeu ! allez j'arrête ! »... avant de le relancer cinq minutes après). Il est vrai que, normalement, un personnage au niveau 90 peut finir tout le jeu. 

Mon meilleur personnage a longtemps été un Assassin équipé de deux couteaux de boucher, catégorie unique (les Bino's Kitchen), qui empoisonnent les ennemis et me rend une partie de leur vie quand ils meurent ! Impossible de trouver mieux que ces deux bijoux : même des couteaux de légende fabriqués par des joueurs expérimentés, et qui coûtent une fortune, ne sont pas meilleurs. Avec mes compétences spéciales, j'ai une chance d'empoisonner les ennemis que je fais saigner, et de les mutiler ensuite, ce qui leur fait subir encore plus de dégâts etc. Mon attaque favorite : Blade Flurry (Rafales de lames), qui lance des projections astrales tout autour de moi. (Profil très inspiré d'un des champions du jeu, Mathil).

Homme libre, toujours tu chériras ton golem de glace qui donne plus de précision à tes coups.

Homme libre, toujours tu chériras ton golem de glace qui donne plus de précision à tes coups.

Path of Exile devient vraiment très dur sur la fin. Bien que j'ai un équipement de très haut niveau, je n'arrive pas à finir le jeu. Je meurs, je meurs et je meurs, c'est désespérant... Il est vrai que l'assassin, comme dans tous ces jeux, a des attaques meurtrières mais est en revanche très fragile (dans le jargon, on parle de glass cannon). Pour le moment, je ne peux que baver d'envie devant les démos des champions sur Youtube. Quand j'arrive péniblement, au bout de deux minutes de combat acharné, à vaincre le super Gardien Phénix qui garde l'entrée du boss final, certains pros du jeu le tuent en moins de quinze secondes...

Tiens, qu'est-ce que c'est que ce trou dans la roche d'où s'échappe une vapeur noire ? Approchons-nous -c'est pas comme ça qu'ils feraient dans Prometheus ?... Qu'est-ce que c'est que cette fisssssssss-u-u-u-u-u-u-urrrrreee ???... Et voilà cinquante abominations squelettiques sorties des entrailles fétides des abysses jaillissent et me sautent dessus, me font saigner, m'envoient dix boules de feux et douze éclairs énormes tout en m'empoisonnant et en me glaçant ! Aaah, ma barre de vie se vide en moins de temps qu'il n'en faut pour !... 

J'aime l'odeur du napalm.

J'aime l'odeur du napalm.

Si Wraeclast regorge d'inventions exotiques, le système de jeu, en revanche, est tout sauf irrationnel. Je veux dire par là qu'il est extrêmement complexe. On ne s'en aperçoit pas au début, car on peut se contenter de jouer sur les mécanismes de base (attaque, vie, armure, esquive). Mais petit à petit, il faudra passer obligatoirement du stade de l'amateur éclairé à celui de professionnel. Impossible d'aller très loin si on ne fait pas attention à tout : si je mets le gemme « faster attacks » à la place de « added cold damage », je ferai plus d'attaques par seconde, mais chaque coup sera moins fort ; cependant, comme j'empoisonne à chaque touche, j'ai peut-être intérêt à attaquer plus fréquemment afin que l'ennemi prenne plus de dose de poisons par seconde etc. Il faut en fait harmoniser tout : les compétences - les sorts - l'équipement - les compétences passives - les bonus activables données par les diverses potions... et j'en oublie. Et il faut ensuite faire attention aux malus présents sur chaque carte. J'utilise deux slots pour maintenir active ma malédiction qui affaiblit les attaques ennemies, mais manque de chance, sur cette map, les ennemis y sont immunisés... Un vrai casse-tête. 

Ce matin, un Barbare, a piétiné l'Empereur...
Ce matin, un Barbare, a piétiné l'Empereur...

Ce matin, un Barbare, a piétiné l'Empereur...

Je passe sur les équations mathématiques disponibles sur le Wiki du jeu, pour ceux qui voudraient calculer leurs chances de toucher, leur taux de guérison et leur variable de probabilité d'éviter un coup... Polytechnique ou Maths-Sup conseillés. Rien que pour retrouver de la vie, vous pouvez la vampiriser à l'ennemi (leech), la régénérer sur la durée (regeneration) ou encore la recouvrer avec des potions (recovery). A ne pas confondre. N'oublions pas d'avoir 75% de protection contre les dégâts élementaires, sinon c'est la mort assurée. Et ne pas négliger la protection contre les sorts de chaos, c'est encore autre chose. Éviter une attaque (dodge) n'est pas pareil que l'esquiver (evade), car dodge est une chance fixe de ne prendre aucun dégât (si vous avez 33% par exemple, ce sera un coup sur trois en moyenne), alors que evasion est un facteur aléatoirement réparti sur le nombre de coups que vous prenez à la suite ! Il est également possible de bloquer les coups avec les armes, c'est encore un autre pourcentage...

 

Au secours ! Je voulais juste buter des packs de monstres pour me détendre, pas passer ma soirée à calculer des stats et des probas ! Mais à force de mourir, mourir et encore mourir, on finit par apprendre à la dure les mécanismes du jeu dans les moindres détails. Comme dit ma fille (bientôt 5 ans) : « Allez papa, tu cliques et tu casses des monstres ! » Si c'était si simple... On croit que c'est  justedu bourrinage, mais pas du tout ! C'est de la conception ultra-pointue !

La gestion des ressources du jeu (les orbes) devient également cruciale. Les derniers niveaux doivent être achetés sous forme de cartes : pour continuer à jouer, il faut donc avoir maintenir un certain budget, grâce aux objets trouvés dans ces cartes. Il est indispensable de développer un modèle économique rentable : une carte doit rapporter plus qu'elle n'a coûté. C'est de la macron-économie, quoi ! Il y a évidemment des joueurs qui ont des personnages spécialisés dans la collecte à échelle industrielle, et qui sont capables de dire combien de ressources par heures ils peuvent récolter. Face à ces Monsanto du farming, je fais figure de modeste PME, pas au bord du dépôt de bilan, mais vigilante sur les investissements...

"Burning Ice" Inquisitor : Freezing Pulse, Frost Wall, Ice Nova. (cliquer pour agrandir)

"Burning Ice" Inquisitor : Freezing Pulse, Frost Wall, Ice Nova. (cliquer pour agrandir)

Mais quand on maîtrise tous ces mécanismes, quel plaisir de s'acharner à personnaliser son héros, de le voir progresser et monter petit à petit vers le panthéon des légendes de Wraeclast. C'est en fait réaliser un rêve de gosse : créer le héros qu'on rêvait d'être ; le vaillant chevalier dont l'épée lance des éclairs, la sorcière qui lève une armée de morts-vivants, le Templier qui brandit son marteau de Thor, le Gladiateur resplendissant qui lance son cri de guerre dans l'arène, ou cette chasseresse rapide et invisible, pareille à un blizzard sur les routes qui gèle tout sur son passage ! 

Par contre, il va falloir prendre son mal en patience, car le loot est vraiment chiche dans ce jeu. A chaque carte, on peut ramasser des monceaux d'objets, mais qui ne valent quasiment rien à la revente. 

« I am a Jedi now, like my father before me... »

« I am a Jedi now, like my father before me... »

Le jeu est gratuit (free-to-play) mais il est possible de le soutenir financièrement en achetant des paquets cadeaux. Heureusement, ceux-ci ne servent pas à acheter des armes surpuissantes ou autres items légendaires, ce qui reviendrait à payer pour gagner (pay-to-win). La boutique propose seulement des améliorations cosmétiques pour les objets. Au lieu de votre accoutrement dépareillé, vous pouvez vous payer une panoplie nécromantique, avec son halo verdâtre du plus bel effet, ou un ensemble steampunk tout à fait seyant. Et si le kitsch vous plaît, jetez un œil à ce costume d'albâtre séraphique et à cette couronne dorée. Vous pourrez acquérir rapidement une cachette personnelle et la décorer selon vos envies. J'ai opté pour une sorte de refuge de fortune sur une falaise, rebâti de bric et de broc avec des débris de naufrages.
 

On peut être tueur professionnel et avoir du goût pour la décoration.

On peut être tueur professionnel et avoir du goût pour la décoration.

Mise à jour 03/19 :

Après des mois de jeux acharnés, j'ai réussi à booster considérablement mes builds. Je ne dirais pas que je pourrais être diplômé en mécanismes de Path of Exile, mais pas loin. Mon Assassin Blade Flurry a vaincu les quatres gardiens et le Shaper. Rarement un jeu m'aura autant passionné. Ce final de l'arc Atlas of Worlds est vraiment grandiose. L'intrigue autour de Zana, l'histoire du Shaper, la musique, les décors et les combats, tout est absolument épique. J'ai fini le Shaper pour la première fois vers minuit, en nage, après au moins dix essais infructueux pendant des mois, commencés à un moment où mon build n'était pas du tout au niveau. Quel acharnement il m'a fallu. Mais quel soulagement et quel accomplissement une fois la victoire arrachée ! 

Mais mon Assassin s'est ensuite cassé les dents contre le Uber Elder, le boss final du jeu, entité monstrueuse sortie du néant (et/ou de l'imagination de Lovecraft). Le combat est abominablement dur, car il nous oppose en même temps au Elder et au Shaper. Cependant, il est moins épique, moins dramatique. Car le Shaper est un ancien humain qui a sombré dans la folie, la démesure, et pour lequel on conserve un espoir de le ramener à la raison. Et puis, comment ne pas admirer un grand méchant qui cite du Nietzsche (« Gaze into the abyss » - « Plonge tes yeux dans l'abysse ») avant de vous envoyer un énorme kamehameha à travers toute la carte ?

Alors que le Elder est juste un monstre silencieux, venu pour tout détruire. Pour moi, on devrait s'arrêter au Shaper. Il est vrai, tout de même, que le Uber Elder est un excellent entraînement, un pur test de skills : car si on arrive à le finir, c'est qu'on maîtrise vraiment son personnage, notamment l'esquive en réaction au quart de seconde !

Du coup, celle qui est devenue la grande championne, c'est ma Sorcière Occultiste Caustic Arrow. C'est elle qui est venue à bout du Uber Elder. Décidément, le côté obscur est plus rapide, plus facile et plus puissant.

[JV] Path of Exile
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page