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No Time To Die (Mourir peut attendre)

23 Février 2022, 00:16

(2021, de Cary Fukunaga)

(2021, de Cary Fukunaga)

Depuis cinq ans, James Bond profite de sa retraite en Jamaïque, quand il est contacté par son vieil ami de la CIA, Félix Leiter. Bond finit par se laisser convaincre de poursuivre un terroriste qui a synthétisé un poison se transmettant par l'ADN. 

 

No Time To Die nous montre un James Bond qui, comme l'acteur qui l'incarne, a vieilli. Cette fois-ci, Bond va s'engager dans une dernière mission pour sauver la femme qu'il aime et qu'il a dû abandonner. Les éléments classiques de la série sont présents, que ce soit les gadgets de Q, les poursuites en voiture ou la base secrète du méchant sur une île. Le film se suit agréablement et réussit à récapituler la série depuis Casino Royale tout en lui donnant une conclusion bien amenée. Je m'attendais à ce que Nomi, la nouvelle agent 007 menace davantage de voler la vedette à Bond. Mais son rôle reste effacé, Bond ne perdant jamais sa première place, alors qu'on sentait venir une intrigue secondaire "Bond contre 007" !

No Time To Die (Mourir peut attendre)

A l'arrière-plan du film, on sent rôder le spectre de la mort, avec, pour commencer, la mort du Spectre lui-même, dont les derniers membres vont être éliminés par le nouveau méchant, en quête de vengeance. Mais il y a aussi ce rituel auquel s'adonne Bond et son amie dans la petite ville italienne de Matera : écrire sur un papier le nom d'un souvenir puis le brûler. Pour vivre, il faut savoir oublier le passé et comme l'aurait dit Akira Kurosawa* : « les héros sont ceux qui changent, alors que les méchants restent enfermés et pétrifiés dans ce qu'ils sont ». De fait, l'idée de vengeance, jusqu'à la folie meurtrière, est le mobile du méchant, Lyutsifer Safin ; et il n'y a rien qui nous tienne prisonniers du passé comme le désir de vengeance. Safin voudrait être un double maléfique de Bond ; mais il en réalité un parasite impuissant et sans avenir, et comme Bond le lui dit, il ne fait qu'ajouter son nom à une longue liste de minables frustrés (« angry little men »). La grande scène de confrontation entre le héros et le méchant a d'ailleurs ceci d'inhabituel que ce dernier n'en profite pas pour exposer son plan machiavélique, sûr que Bond va mourir. Cette fois-ci, nous ne saurons pas tout, mais nous aurons plus important : l'affrontement verbal entre deux hommes qui se battent pour exister.

No Time To Die n'a de cesse de fragiliser le héros. Le James Bond des débuts avait quelque chose de caricatural (il buvait comme un trou, fumait, pinçait les fesses des filles et les couchait toutes à volonté...) C'est comme cela que Ian Fleming avait conçu son héros, mais aujourd'hui, cela ne peut plus passer. Sean Connery lui-même avait dit qu'il détestait ces aspects de son personnage. 

Dans ce film, Bond gagne en crédibilité ce qu'il perd en infaillibilité. Il gagne tout à se comporter en vrai bonhomme plutôt qu'en surhomme qui zigouille les méchants juste pour sauver le monde.

 

* propos rapportés par Lawrence Kasdan

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