Seven

(1995, de David Fincher)

Un tueur en série choisit chacune de ses victimes selon l'ordre des péchés capitaux : gourmandise, orgueil, avarice, paresse etc. 
 

Un film policier qui semble au départ assez conventionnel, avec son duo de flics, l'un vétéran blasé à une semaine de la retraite et l'autre, jeune chien fou qui vient d'être muté dans le commissariat. Mais rapidement, Seven nous entraîne dans une atmosphère poisseuse, sombre et malsaine particulièrement soignée. Les fameux trivia d'IMDb nous apprennent que Fincher a utilisé ce qu'on appelle le « bleach bypass » (traitement sans blanchiment) pour le développement de la pellicule : l'argent n'est pas retiré lors du tirage couleur, ce qui donne cette noirceur épaisse à l'image, qui a les qualités à la fois de la couleur et du noir et blanc. Bientôt, nous sommes entraînés dans un univers dantesque : la poussière des immeubles vétustes, les couloirs délabrées, les pièces aux murs moisis, les lampe-torche des policiers qui percent à la travers la noirceur, le rouge menaçant d'un soleil qui semble à l'agonie, à quoi s'ajoutent les corps mutilés et défigurés avec une précision sadique qui les rend grotesques. 
 

Seven, avec sa métropole anonyme, est en fait une vision de l'enfer, ce lieu sans joie, sans morale et sans espoir d'en sortir, où l'on ne peut que céder au mal ou assister impuissant à son triomphe. Le personnage de Morgan Freeman s'y est plus ou moins résigné.
Pour Thomas d'Aquin qui en a fait la liste, les péchés capitaux sont des vices qui sont au principe de beaucoup d'actes mauvais. C'est pourquoi il ne liste pas des crimes comme le meurtre, le viol etc. (qui sont pour l'Église des péchés mortels), le vice étant plutôt la prédisposition ou la tendance acquise à faire du mal. Et ici, rien n'arrêtera ce penchant. 

Il n'y a guère que dans la franchise Saw que le tueur sera d'une cruauté encore plus élaborée.