Romeo+Juliet

(1996, de Baz Luhrmann)

Quand un dramaturge ou un réalisateur ose une adaptation décalée, transgressive, bizarre etc. de Shakespeare, on dit souvent : « Shakespeare aurait adoré ! » Moins c'est du Shakespeare en costumes d'époques, plus ce serait shakespearien. Car Shakespeare bien sûr, c'est fou, c'est excessif, c'est la vie, c'est tragique, donc cela autorise toutes les transgressions. 
Baz Luhrmann a donc tenté un Roméo et Juliette où il garde le texte original, mais avec du rock, une guerre des gangs comme à Los Angeles, une ambiance de clip de musique latina. L'ensemble est volontairement outrancier, kitsch. Avec ces coupures et ce montage ultra-saccadé, les acteurs et le texte de Shakespeare ont bien du mal à exister. En voulant « populariser » cette pièce pour la jeunesse des années 90, Lurhmann l'a rendue très confuse -alors qu'il n'y a pas d'intrigue plus simple que celle-là ! Qui plus est, l'ensemble fait extrêmement daté aujourd'hui. 

Quelques idées ne sont pas mauvaises : le narrateur est la présentatrice télé, le Prince est le chef de la police (noir, évidemment !), mais tout cela fait forcé. Même la scène du bal chez les Capulet, qui devient une sorte d'opéra-bouffe grotesque (c'est so shakespearian !) est gâchée par une réalisation sous ecstasy. Tout cet abus d'effet, pour ne surtout pas qu'on s'ennuie, finit logiquement par lasser. C'est surtout une révélation pour Di Caprio, déjà excellent, face à une Juliette certes charmante mais pas à la hauteur face à la vedette qui naît face à elle.