偶然と想像 Contes du hasard et autres fantaisies

(2021, de Ryūsuke Hamaguchi)

Ces trois contes « du hasard et de l'imagination » (selon le titre japonais) parlent d'amour, de sentiments, de sexe et des fragilités de l'être humain. A chaque fois, le hasard d'une rencontre va amener les personnages à faire un choix décisif et à révéler ce qu'ils ont sur le coeur. 

Le premier conte, Magie ? met en scène deux amies : de retour d'un shoot photo de mode, elles discutent dans le taxi. L'une d'elle vient de rencontrer un homme. Ils ont discuté ensemble pendant des heures, ont parlé de leur vie, de leur passé. Elle le trouve beau gosse mais un peu « branleur ». Ils n'ont pas couché ensemble. Le feront-ils la deuxième fois ? Se reverront-ils ? Mais lui a une ex avec laquelle la rupture a été difficile. 

Cette première partie tourne autour de la jalousie et du désir de possession : l'ex en question, toujours amoureuse, va-t-elle empêcher le nouveau couple de se former ?

La porte ouverte, le deuxième conte, commence dans une université : un étudiant est humilié par son professeur de français, Segawa. Il fait alors appel à sa maîtresse, une étudiante plus âgée qui a déjà un mari et des enfants : il veut se servir d'elle pour organiser une vengeance contre Segawa. 

Les choses ne vont pas se passer comme prévu : en discutant avec Segawa de son roman, elle va découvrir des choses qu'elle n'osait pas s'avouer sur elle-même. 

Le troisième conte, Encore une fois, est le plus simple en apparence, mais celui qui a le plus de chance de vous surprendre !

Deux femmes, la quarantaine, se croisent par hasard dans un escalator (l'une monte, l'autre descend). Elles ont été amies au lycée mais ne se sont plus vues depuis vingt ans. Elles vont chez l'une d'elle et, autour d'un thé, se raconte leur vie. L'une a un mari et un fils, une situation confortable. Elle a tout pour être heureuse. Mais l'est-elle vraiment ?

L'autre est sûre de ne pas l'être, depuis qu'elle a été incapable d'avouer à une camarade de lycée qu'elle était amoureuse d'elle. Elle a ensuite connu d'autres femmes mais ces relations ont été sans lendemain. 

Leur discussion va leur permettre d'exprimer ce manque dont elle souffre et peut-êtreu de le combler. 

Les contes du hasard sont une oeuvre captivante. L'amour y est vu sous tous ses aspects, de la pornographie à l'érotisme tacite, du drame de la séparation à l'excitation de la première rencontre. Les acteurs sont excellents. Les dialogues sont très bien écrits, même si parfois un peu longs. On attendrait parfois un peu plus de silence et de respirations. C

es intrigues du coeur et de l'esprit se nouent de façon fine et très naturellement, avec l'aide, toutefois, de quelques coïncidences, indispensables pichenettes qui permettent aux personnages de se confronter à eux-mêmes. J'ai pensé à ce que disait Molière dans L'amour médecin : il n'y a que le théâtre pour guérir la plus grande des maladies, qui est la peine de coeur. Ici, cela pourrait être tantôt le cinéma, tantôt la littérature, et à chaque fois l'imagination.