椿三十郎 Sanjuro

(1962, d'Akira Kurosawa

Un samouraï errant, cynique mais qui cache un grand coeur accepte de venir en aide à de jeunes nobles en révolte contre un seigneur corrompu... 

Théâtral à la perfection, d'une intrigue simple mais aux rebondissements complexes, Sanjuro est peut-être le plus grand des "petits" Kurosawa. Sa fin, à la fois violente et pessimiste, annonce tout à fait le ton nihiliste des Sergio Leone, et tranche avec l'humanisme et l'optimisme plus fréquents chez Kurosawa (le dévouement du médecin dans Barberousse, l'innocence de l'enfant dans Rashomon...). Alors que c'est bien sûr l'inégalable Toshiro Mifune qui a la vedette, il se retrouve soudain mis en concurrence sur la fin avec l'immense Tatsuya Nakadai et son regard expressionniste. C'est toujours un régal de voir les deux acteurs ensemble, joués des personnages proches mais opposés, comme dans Le sabre du mal ou Rebellion.

Ayant découvert ce film en salle noir vers 17 ans, emmené par mon père qui m'avait fait comprendre qu'il allait me faire découvrir du grand cinéma, je me souviens toujours du duel final, où presque tout mouvement s'arrête soudain, ce qui est évidemment inattendu dans un film d'action comme celui-ci, et où la tension monte à son maximum. Rien que ce plan rend Sanjuro inoubliable.