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The Driver

30 Août 2023, 00:48

(1978, de Walter Hill)

(1978, de Walter Hill)

Un chauffeur de braquage parvient à faire fuir deux bandits qui ont attaqué un casino. Peu après, il est arrêté par la police. Une femme en noir (Isabelle Adjani) l'avait vu avant qu'il ne démarre. Pourtant, elle refuse de l'identifier devant les inspecteurs. Un des policiers, arrogant et joueur, est prêt à tout pour prouver que la culpabilité du chauffeur. Pour cela, il oblige une bande de truands à l'engager pour un prochain braquage...

 

 

The Driver est un film à regarder vers une heure du matin, à l'heure où, dans le film, les personnages se rencontrent dans des cafés mal éclairés, des hôtels en bordure de route, des halls de gares vides. Personne n'a de nom dans The Driver : ni le chauffeur, ni le policier, ni la femme en noir jouée par Adjani. Si, un seul, José, le brave flic qui a du bon sens, coéquipier du flic obsédé. Comme dans un certain nombre de polars des années 70, il n'y a pas d'humour, pas beaucoup de dialogues (le héros prononce en tout 350 mots selon IMDb), et peu de musique. (De ce point de vue, les années 80 ont fait tout le contraire.)

The Driver

Un ami me demandait un jour ce qui ne peut être mis en scène qu'au cinéma. Qu'est-ce qui est caractéristique de cet art ? Au départ, j'élaborai une réponse complexe, théorique, barbante en somme, puis je claquai des doigts et lui dis : les poursuites en voiture ! Dans quel autre art pourrait-on en faire ? Au théâtre, je l'ai déjà vu faire*, mais pour rire. En peinture, je ne vois pas trop. En BD, oui. Dans un roman, soit. Mais toujours en imitant le cinéma. Walter Hill le prouve, en nous offrant des poursuites extraordinaires et minimalistes.  

 

Dans ce genre, The Driver surclasse sans problème Drive ou Baby Driver : c'est bien simple, avec Walter Hill, on est vraiment dans la voiture. Et à la fin du film, on a entendu moins de dialogues et de musique que de pneus qui crissent. Le seul autre film à la hauteur, à ma connaissance, est To Live And Die In L.A, de William Friedkin, pour sa poursuite à contresens sur la voie expresse. On peut citer aussi Vanishing Point (Point limite zéro), où l'on retrouve la même ivresse de la vitesse au volant, jusqu'à la mort.

 

Qu'est-ce qui perd les hommes ? Ce qu'ils aiment le plus : la chasse, l'affrontement, le jeu. La femme en noir jouée par Adjani dit au héros qu'il pourrait laisser dormir l'argent du braquage pendant six mois. Mais si les personnages prenaient le temps, tout finirait bien. La tragédie est une question de timing. La fin surprend, et prend le risque de nous agacer. Mais après un tel film, comment en vouloir au réalisateur ?

 

(* Dans Sherlock Holmes et le mystère de la vallée de Boscombe, mise en scène de Christophe Delort.)

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