The Rainmaker

(1997, de Francis Ford Coppola)

Rudy Baylor (Matt Damon) est un jeune avocat prometteur de Memphis, dans le Tennessee. Pour finir de payer ses études, il trouve un poste chez un avocat véreux, "Bruiser" Stone (Mickey Rourke). Il y rencontre Deck Shifflet (Danny DeVito), ancien employé d'assurance qui a échoué six fois au concours du barreau. Rompu aux méthodes de charognard de son patron, Shifflet apprendre au jeune Baylor à faire les tournées des hôpitaux pour défendre les victimes d'accidents. Le FBI ne tarde pas à s'en prendre au cabinet de Bruiser Stone, qui s'enfuit dans les îles. Ayant senti la menace arriver, Baylor et Shifflet réunissent leurs maigres économies et montent leur propre cabinet.

Pour leur première affaire, ils vont défendre la famille Black, des pauvres gens dont le fils est en train de mourir de leucémie parce que la compagnie d'assurance n'a pas voulu payer la greffe de moelle osseuse. Le jeune avocat va être confronté à la puissante compagnie Great Benefit et à son équipe d'avocats experts, dirigés par le redoutable Leo Drummond (Jon Voight). Ceux-ci n'hésitent pas à employer des coups bas pour défendre leur client. A mesure que le procès avance, Baylor comprend que pour l'emporter, il va devoir employer des méthodes dangereusement proches de celles de ses adversaires...

Un excellent film de procès ; sur le thème classique du jeune idéaliste confronté au cynisme du système, Coppola nous offre un drame où l'indéfendable a bien des chances de l'emporter, et où les règles légales ont toutes les chances d'étouffer la morale. J'ai trouvé scandaleux qu'IMDb ne lui attribue que 7,2/10, quand le film vaut facilement un point de plus. Un Coppola mineur, c'est comme un petit Hitchcock ou un Kurosawa peu connu : cela suffit à faire un très bon film. Il raconte une histoire comme un romancier et ses acteurs incarnent parfaitement leurs personnages ; ainsi Jon Voight, extraordinaire en avocat brillant et sans scrupules ; ou Robert West qui joue le père, blessé de guerre et pitoyable alcoolique, qui va se révéler peu à peu à nous dans sa fragilité émouvante.

La compagnie d'assurance Great Benefit refuse presque toutes les réclamations de ses clients.

Sur sa chaîne Youtube, l'avocat Devin Stone, alias The Legal Eagle, attribue au film la note maximale A+ en matière de réalisme judiciaire : John Grisham, l'auteur du roman dont le film est tiré, a commencé comme avocat, et cela se ressent. En particulier, The Legal Eagle remarque une ruse utilisée par le héros à un moment crucial du procès : Baylor fait lire au PDG de la compagnie d'assurance un témoignage accablant sur leurs pratiques commerciales. Le PDG lit, puis Baylor lui demande de répéter car la salle a mal entendu. La défense lance une objection contre cette répétition, ce qui est tout à fait normal : auparavant, le juge a soutenu ce genre d'objection. Mais Baylor fait remarquer que le micro était trop loin.

En effet, à l'aide du gros dossier qu'il apportait au témoin, notre héros avait éloigné discrètement le micro monté sur un bras. Le PDG doit donc relire le passage incriminant, achevant de le déconsidérer aux yeux du jury. Le jeune Rudy commence à comprendre les ficelles du métier...