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[JV] Backbone

15 Août 2021, 13:07 Jeux vidéos Neon City

(2021, d'EggNut Studios)

(2021, d'EggNut Studios)

Le monde de Backbone fait penser à celui des bande-dessinées Blacksad : il met en scène des animaux anthropomorphes. Le héros, Howard Lotor, est un blaireau détective privé. Contacté par une femme castor qui soupçonne son mari d'infidélité, il part dans les bas-fonds de la ville, où il découvre bientôt une histoire bien plus sombre qu'un simple adultère...

Un détective privé, les néons de la ville qui se reflètent sur le bitume mouillé, un club de jazz, la mafia, une nouvelle drogue qui circule dans les ruelles... Avec ses graphismes rétro aux superbes effets de couleur, son scénario qui coche toutes les cases du film noir, Backbone est un point-and-click qui nous entraîne dans une ville qu'on devine pourrie jusqu'à la moelle, comme celle de Moisson Rouge de Dashiel Hammett. Les notes de jazz semblent se fondre dans les flaques d'eau avec les reflets de lumières, comme la mélancolie du héros qui imprègne chacune de ses répliques. On admire les décors superbes, qui ont jusqu'à cinq niveaux de profondeurs, avec leur architecture écrasante et labyrinthique.

 

Classique en apparence, l'intrigue est pourtant bien plus inattendue qu'on ne le croirait après l'acte 1. Un cadre dystopique se dessine peu à peu, dans cette ville entourée d'un mur que personne n'a le droit de franchir. C'est à partir de l'acte 3 que l'histoire va prendre un tournant vraiment déroutant, lorsque, pour suivre les ramifications de l'enquête, le héros doit partir dans les quartiers scientifiques de la ville. Disons juste que ce qu'on y découvrira nous entraînera dans une scène d'hallucination à la Hotline Miami...

 

Film noir + dystopie + science-fiction : cela fait peut-être beaucoup pour un seul petit jeu ? Les dialogues sont souvent très bons, même s'ils accusent parfois quelques longueurs. On n'est pas sans repenser aux murs de textes de Disco Elysium

 

Avec ses défauts, Backbone reste pourtant un jeu fascinant. Ce qui fait l'unité de son style, c'est en fait moins l'enquête que l'angoisse existentielle du héros, face à l'absurdité de son existence. Les dialogues du héros avec lui-même (enfin avec une entité... mais je ne peux pas en dire plus !) seront de plus en plus l'occasion de décider du sens de la vie et de l'esprit : ne sommes-nous qu'un amas de matière et de signaux électro-chimiques ? Décidons-nous du sens de notre destin ?... Une spirale de questions sans fin qui nous entraîne dans les noirceurs de l'esprit... Si vous avez séché les cours de philo, c'est l'occasion de réviser ! 

 

Certains se perdront en chemin, mais ils ne pourront pas nier que Backbone est une expérience prenante et hypnotique.

[JV] Backbone

A propos de la BO, l'éditeur nous annonce que "You’ve never heard dystopian doom jazz quite like this."

Et c'est vrai. J'écoute du jazz, dans beaucoup de genres différents, du rag-time au free-jazz, mais j'admets avoir rarement écouté du "dystopian doom jazz". Alors, du comme celui-ci, jamais ! Une niche pour les connaisseurs ! 

D'ailleurs maintenant, je n'écoute plus que cela : du jazz dystopique et fatal. Le reste, c'est commercial. 

[JV] Backbone
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