[JV] The Red Strings Club

(2018, de Deconstructeam)

Donovan est le barman du Red Strings Club. Ici, il est chez lui. Expert en mixologie, Donovan n'a pas son pareil pour fabriquer des cocktails délicieux. La plupart de ses clients sont des cadres sup' du conglomérat Supercontinent, spécialisé dans les implants neuronaux. Donovan apprend que Supercontinent prépare un programme de contrôle mental de masse, à l'aide d'une puce de bonheur qui éliminera les émotions négatives chez les individus augmentés. Ces derniers pourront à leur tour influencer le comportement des individus "ordinaires". 

Un groupe révolutionnaire, Proxyma, veut détruire ce programme de bonheur obligatoire. Pour les aider, Donovan va faire boire ses clients pour leur soutirer des informations. Car Donovan a un secret : sa façon de mélanger les alcools modifie l'humeur du client. Pour rendre les gens plus loquaces, il n'y a rien de tel que de provoquer une bouffée de joie ou un coup de blues au bon moment !

De la technologie ou de l'alcool, quel est le meilleur moyen de manipuler les esprits ?

Cette cliente est une grosse nympho qui vient se saouler. Deux faiblesses à utiliser pour lui soutirer des infos !

Toutes sortes de clients improbables défilent dans le Club : une androïde à moitié cassée, une responsable marketing nympho, ou un mystérieux contrebandier à tête de mort... Il faudra servir à chacun le cocktail adapté pour en savoir le maximum.

Les dialogues sont très bien écrits. Entre deux discussions sur l'amour et l'art, les employés de Supercontinent finissent par susciter le doute chez le joueur : est-ce une mauvaise chose d'influencer les gens pour leur éviter la dépression ou le suicide ? C'est le coup de génie de ce jeu : nous faire douter de la méchanceté de l'antagoniste obligatoire de tout univers cyberpunk, à savoir la méga-corpo-qui-veut-asservir-l'humanité. Tout cela est brillamment mis en scène par l'équipe de Devolver, qui nous emmène dans un trip aux accents psychédéliques, qui rappelle par moment Hotline Miami du même studio. De plus, son ingéniosité n'a rien à envier à Technobabylon, autre chef-d'œuvre du pixel art. Et quelle bande-son également : du piano blues, des synthés intimistes, de l'électro pour codeurs surmenés, du metal torturé de société décadente...

En quelques petites heures, Red Strings Club nous fait vivre une expérience originale et intense, comme si l'on avait bu le meilleur cocktail de Donovan... ou qu'on s'était fait implanter la puce du bonheur ! Une très grande réussite !

C'est vrai, c'est trop bête de se suicider et de rater les prochaines soldes sur Steam.