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[JV] VirtuaVerse

8 Novembre 2022, 20:34 Jeux vidéos Neon City cyberpunk

(2021, de Theta Division Games)

(2021, de Theta Division Games)

Une cité du future où la réalité augmentée fait partie du quotidien. Vous vous réveillez dans votre appartement-capsule pour découvrir que votre copine s'est barrée. Elle a juste laissé un mot : « Je m'en vais, inutile de me chercher ». Mais vous êtes un vrai guerrier du net (la preuve, vous portez un sweat à capuche qui dissimule votre visage !) Vous réunissez donc un peu de matos, vous enfourchez votre moto et vous partez à sa recherche... Bientôt, vous voici sur la piste de hackers qui combattent les plans de la méga-corpo maléfique qui veut asservir l'humanité en la plongeant dans le VirtuaVerse.

[JV] VirtuaVerse

VirtuaVerse est un point'n'click en pixel art dans un monde cyberpunk aux néons. Ce n'est pas le seul jeu du genre, loin de là, mais il a quelques qualités qui le mettent à part. D'abord, VV a quelques excellentes idées, comme les graffeurs qui font des dessins virtuels, visibles uniquement si l'on active son dispositif de réalité augmentée. La scène dans la salle de concert est également très réussie. La discussion avec un couple SM très sympa est impayable.

 

Le travail sur les décors est magnifique. C'est du condensé de Blade Runner et des clips des années 80. Dans ce genre de jeux, on s'y attend ; mais en pixel art, c'est ce que j'ai vu de mieux. (Dans un tout autre style, c'est The Ascent qui remporte, selon moi, le prix de la cité abyssale la plus spectaculaire.) Derrière l'éclat des néons dans les ruelles, la profusion des hologrammes enchanteurs, les échoppes et les restaurants illuminés, on devine une ville sale, triste, à l'abandon, et des habitants enfermés dans leur solitude. 

La réalité augmentée n'est qu'un enfer de spams. C'est comme naviguer sans Adblock !

La réalité augmentée n'est qu'un enfer de spams. C'est comme naviguer sans Adblock !

L'esthétique du jeu fait aussi penser au superbe clip de Perturbator pour son morceau Sentient.

Après une première partie dans les bas-fonds de la ville, VirtuaVerse continue dans des montagnes enneigées puis dans la jungle. La rupture est intéressante (depuis quand va-t-on dans la nature dans une histoire cyberpunk ?) On arrive dans une sorte de communauté de hippies, adhérents de l'Église du Code Ancien. Ils se sont réfugiés ici pour fuir les algorithmes de la grande ville, à l'instar de cette vendeuse, ancienne artiste en ASCII qui a perdu son travail à cause des IA qui créent de la 3D !


A ce moment, le jeu peine à trouver un second souffle. On finit par se lasser de cliquer sur toutes les options de dialogues possibles. C'est le problème des jeux trop bavards (la palme revenant selon moi à Disco Elysium, avec ses murs de textes qui n'avancent à rien.) De plus, les associations d'objets deviennent vraiment capillotractées. Je sais que c'est souvent la règle dans les point'n'click (je devrais être habitué depuis le premier Sam&Max !), mais tout de même...

Par exemple, pour dégager l'entrée d'une grotte, il faut enlever un nid de guêpes. Pour cela il faut fabriquer une torche en trempant une culotte dans le fuel, puis fouiller un marais pour y trouver une scie rouillée ; ensuite, couper une branche, y attacher la culotte et enflammer le tout ! C'est vrai, on trouve souvent des scies au fond des étangs... Et grâce à cela, on pourra (après bien des péripéties) récupérer un fruit hallucinogène en coupant l'arbre où il pousse avec un canon laser amateur (ça aurait été trop bête de trouver une échelle) !

 

On dirait que le créateur des puzzles s'est bien marré à inventer des associations tordues. Cela donne un certain cachet décalé au jeu, qui par ailleurs ne manque pas d'un certain humour : ainsi, votre héros va devoir pourrir la vie d'un certain nombre de gens pour parvenir à ses fins. 

 

Cependant, c'est là que l'on voit la supériorité d'un jeu comme Technobabylon, bien plus intelligent et sérieux, dont les énigmes sont parfois difficiles mais jamais invraisemblables. Une fois que l'on a trouvé la solution, l'enchaînement paraît tout à fait logique. Dans VirtuaVerse, on se demande parfois ce que les mecs ont fumé. On va dire que c'est ce qui donne au jeu un charme psychédélique...

Cette divinité détient un vieux code-source nécessaire pour lancer une attaque informatique DDOS sur la mégacorpo totalitaire, afin d'aider des IA rebelles qui veulent empêcher l'humanité d'être emprisonnée dans le monde virtuel. Logique, j'ai envie de dire !

Cette divinité détient un vieux code-source nécessaire pour lancer une attaque informatique DDOS sur la mégacorpo totalitaire, afin d'aider des IA rebelles qui veulent empêcher l'humanité d'être emprisonnée dans le monde virtuel. Logique, j'ai envie de dire !

Dommage car le début du jeu laissait augurer bien mieux. Le dernier tiers est meilleur, cependant. Une séquence dans un désert rouge d'après l'apocalypse, avec ses décharges de vieux matos et son sphinx artificiel, est très réussie esthétiquement. Enfin, les révélations finales, lorsqu'on attaque le "coeur" de la méga-corpo sont ambitieuses et très intéressantes quant à l'idée d'une super-IA. 

VirtuaVerse est donc une oeuvre indé originale qui, malgré ses associations d'objets trop complexes, ne fait pas regretter d'aller au bout de l'aventure. C'est un vrai bon trip dans l'imaginaire cyberpunk.

[JV] VirtuaVerse
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