John Wick: Chapter 4

Depuis que la mafia a tué le chien de John Wick, rien n'a pu arrêter l'escalade dans la violence. Désormais, John est poursuivi par des tueurs du monde entier. Une seule solution pour en finir : défier en combat singulier un des chefs du syndicat des assassins.

Le film précédent, Parabellum se laissait toujours bien regarder mais manquait un peu de souffle par rapport aux premier et deuxième films. Cet épisode 4 est le plus réussi de tous, entre autres grâce à Donnie Yen en duelliste aveugle : ami et adversaire du héros, il nous offre une excellente prestation, entre Ip-Man et Zatoichi, le rônin aveugle.

Ce chapitre 4 culmine dans une scène d'affrontement en vue du dessus, découpée en deux plans-séquences. De quoi réjouir tout fan de Hotline Miami qui se respecte : la fusion parfaite du cinéma et du jeu vidéo.

Les décors sont particulièrement soignés, dans leur exubérance toujours à la limite du kitsch ; pour ce qui est des couleurs, ils n'ont pas hésité à abuser du classique contraste entre le bleu et le orange, ainsi que des décors grandioses et d'une esthétique parfois proche de Cyberpunk 2077. Tout le problème est de savoir jusqu'où aller trop loin : il y a plusieurs plans à la fois somptueux et raffinés, surtout dans l'hôtel d'Osaka au début ; mais le lever de soleil sur le Sacré-Coeur est kitschissime et m'a rappelé le vomi de couleurs de The Fountain d'Aronofsky.

Le seul élément décevant (mais est-ce vraiment une déception ?) est l'absence presque complète de jeu de la part de Keanu Reeves. Si on mettait bout à bout tout ce qu'il dit dans le film (qui dure presque trois heures), on n'obtiendrait peut-être pas une tirade. A ce niveau, Keanu Reeves choisit de se ravaler au rang de cascadeur.

Ce n'est certes pas un grand acteur, mais dans les films où il parle vraiment, on ne se bouche pas les oreilles à chacune de ses répliques. Ce quasi-mutisme correspond, en un sens, à son personnage quasi-mythique de croque-mitaine, et il y a eu d'autres héros muets ou presque, comme le cavalier joué par Clint Eastwood dans Pale Rider. Bullitt joué par Steve McQueen dans le film du même nom n'est pas le roi des bavards non plus, de même que le personnage de Charles Bronson dans Il était une fois dans l'ouest etc. Mais Keanu Reeves en fait encore moins que ces prestigieux exemples de taiseux, et sans raison.

En regardant ce film, j'ai appris les choses suivantes :

- Si tu interromps la liturgie dans une église orthodoxe, le prêtre te dégommera d'un coup de fusil de chasse.

- Dans les clubs technos de Berlin, le public ne s'affolera pas si tu te bats à mort au milieu de la piste (prestation inattendue et burlesque de Scott Adkins, méconnaissable par rapport à ses rôles dans la trilogie Undisputed ou dans Expendables 2).

- L'escalier de Montmartre compte 222 marches et même si tu es attaqué par des dizaines de tueurs, tu peux les monter en moins de trois minutes.

- Même quand il te tient à bout portant, John Wick préfèrera sauver ton chien si un autre tueur le menace. Car John Wick sait ce que ça fait de perdre son animal. 

- En haut de la tour Eiffel, il y a le bureau international des assassins, avec une présentatrice radio qui fait penser à celle des Guerriers de la nuit.

- La circulation sur la place de l'Étoile est tellement dense que, lorsque tu affrontes des tueurs lancés à tes trousses en voiture, cela ne créera pas plus d'embouteillages.

Il ne faut jamais rater une occasion de s'instruire.